Et me voici soudain roi d’un pays quelconque
Les Attentifs
« Objet théâtral hautement singulier, ce spectacle-ovni est une plongée fracassante, à la fois hilarante et troublante, dans l’univers mental intranquille du poète portugais Fernando Pessoa » - Marie Plantin
Un jour de 1914, le portugais Fernando Pessoa écrit, dans une extase indéfinissable, une trentaine de poèmes sans avoir l’impression d’en être l’auteur. Il a la sensation, au même moment où il écrit, d’être un autre poète. Ce poète, il le nomme Alberto Caeiro. Pessoa imagine alors la biographie de Caeiro dans ses moindres détails. Quelques temps après, il fait de même avec tous les autres poètes qui écrivent à travers lui : Ricardo Reis, Alvaro de Campos et, son alter ego, Bernardo Soares. Ce sont tous ses « hétéronymes ». Ce poète « dramaturge » qu’est Fernando Pessoa est incarné ici par une actrice, Aurélia Arto. Elle fait elle-même, sur scène, l’expérience de l’hétéronymie. Cette expérience n’est-elle pas d’ailleurs celle de toute actrice, de tout acteur ? Pessoa, poète du jeu, poète du théâtre.
Presse
Revue Europe
« Le projet en lui-même vaudrait la peine d’être signalé, à une époque où l’idée que le théâtre puisse servir à faire entendre la parole d’un poète ne va plus de soi. (…) Pour faire entendre sur scène une parole aussi majestueuse, profonde, parfois solennelle, toujours essentielle, l’humour est une ressource à laquelle on pense trop peu. Lorsqu’il est manié avec mesure et intelligence, il est pourtant le meilleur antidote à la pesanteur qui guette tous ceux qui veulent faire entendre une parole poétique. L’humour, dans ce spectacle, donne un peu de légèreté sans rien ôter au solennel quand il y avait lieu. La comédienne, dirigée par Guillaume Clayssen, a su moduler son jeu, lui donner souplesse et subtilité afin de faire entendre en toute simplicité et le verbe flamboyant de Pessoa. L’invention, qui est partout et dans chacun de ses créateurs, n’est jamais gratuite. Les idées de chacun converge et permet de faire advenir sur scène ce que Pessoa a appelé lui-même son « drame à l’intérieur d’une personne ».» – Karim Houadeg
Sceneweb
« Objet théâtral hautement singulier, ce spectacle-ovni est une plongée fracassante, à la fois hilarante et troublante, dans l’univers mental intranquille du poète portugais Fernando Pessoa, connu pour les hétéronymes, inventions de l’esprit et d’une psyché perturbée, qu’il s’était fabriqués (…) Faire théâtre de cet abyssal corpus de réflexions intimes et éclatées était une gageure bien ambitieuse mais le duo Aurélia Arto (au plateau) et Guillaume Clayssen (à la mise en scène) a su transformer son attachement au poète en optant pour une incarnation fantasque, une interprétation funambule, passant d’un registre à l’autre sans crier gare et une partition physique intense. (…) Aurélia Arto est totalement magnétique, reine de ce plateau blanc ponctué de structures verticales qui viennent architecturer l’espace au fur et à mesure de la représentation, l’ouvrir ou le rétrécir c’est selon. Elle libère sa palette de jeu que l’on sait souple et large, caméléon qui se transforme et joue de ses apparences plurielles pour mieux faire miroiter et dialoguer la myriade d’hétéronymes fictionnels et éclater la puissance poétique “pessoesque”. » – Marie Plantin
Theatrorama
« L’engagement de la comédienne et l’ouverture que proposent la mise en scène, la scénographie, les costumes nous font plonger avec elle dans ces tourments là, ce désespoir de devoir quitter un jour tout cela, sans savoir si l’on a vraiment été présent au monde. Alors il faut dialoguer avec le poète, le lire, se laisser traverser, s’abandonner. C’est cela : on est invités tout au long du spectacle à cet abandon. Il faudrait prendre Nietzsche à revers. Se dire que ce qu’il faudrait, c’est être trop humain. Car vivre pleinement, jusqu’à en mourir, ce ne serait déjà pas si mal. Essayer, tant bien que mal, avec nos moyens. Faire avec soi. Et puis, peut-être, si on a de la chance, si on laisse la vie parler en nous et s’allier avec les mots : devenir poème soi-même, puisque là est la seule vérité, là est l’essentiel. Je ne vous souhaite qu’une chose, lectrices et lecteurs de ce texte : que les théâtres rouvrent pour que vous puissiez vivre cela, de nouveau. » – Willie Boy
Un fauteuil pour l’orchestre
« Un prodige se produisit sur scène grâce à la comédienne Aurélia Arto, époustouflante de justesse, de précision, de fougue, de délicatesse, offrant un cri d’amour et d’admiration pour le poète portugais, et pour l’art. (…) Ces identités successives se manifestent par des changements vestimentaires de la comédienne dont la capacité transformatrice étonne, jouant avec aisance avec quatre panneaux mobiles dotés de miroirs et sur lesquels les beaux éclairages créent des ambiances singulières. C’est une idée de mise en scène qui semble tomber sous le sens, tant elle mène la danse de manière fluide. » – Emmanuelle Saulnier-Cassia
Blog culture du SNES-FSU
« Admirateurs de Pessoa, le metteur en scène Guillaume Clayssen et l’actrice Aurelia Arto se sont lancés dans une aventure que l’on pouvait penser insensée, faire entendre les textes de Pessoa poétiques, ésotériques, mystiques, parfois teintés d’humour et de philosophie. Longtemps uniquement apprécié par un petit cercle d’amis et reconnu seulement bien après sa mort en 1935 – ses deux grandes œuvres Le livre de l’intranquillité et Faust ne furent publiés qu’en 1982 et 1988 – Pessoa est aujourd’hui considéré comme un des très grands auteurs portugais du XXème siècle. (…) Aurélia Arto est magnifique, se faisant la voix du poète mais aussi de tous ses hétéronymes et même de son amoureuse.
Sa voix nous emmène de la réalité au rêve, du sérieux à l’esprit d’un clown désabusé, faisant entendre les désarrois, les incertitudes, l’humour devant l’absurdité de la vie, les fragilités et la solitude qui imprègnent les textes de Pessoa. Une belle découverte. » – Micheline Rousselet
Arts-Chipels.fr
« A cet « espace incolore mais bien réel du rêve », il fallait un espace qui, d’une certaine manière, n’existe pas, se forme et se transforme au gré de l’imaginaire, à la poursuite des fantasmes. A la valse des identités, il fallait une valse de costumes. (…) Dans ce cheminement, Aurélia Arto ajoute à la comédienne s’adressant au public le kaléidoscope mouvant des personnalités de Pessoa. Elle pétille d’une incessante et baroque multiplicité. On est saisi par la beauté des textes, par leur étrange étrangeté d’être. On reste captivé, passants errant dans une ville qui n’existe pas, fascinés par ce pays où ambition et désir ne sont plus qu’ombre, prisonniers de ce pays où « les poètes décrivent les étoiles comme des nonnes éternelles / Et les fleurs comme les pénitentes aussi éphémères que convaincues ». – Sarah Franck
Untitled Magazine
« A ce patchwork poétique qui invite chacun.e à mesurer l’ampleur de la créativité d’un seul homme mais aussi à tisser des liens entre des personnalités et des propos à l’apparence paradoxales, s’esquisse peu à peu un mouvement d’incorporation des mots du poète en actes de la comédienne. L’ébullition se fait alors autant sonore que physique : des haut-parleurs répondent aux propos d’Aurélia Arto, les modules en se retournant deviennent miroirs, l’aspect physique de la comédienne se trouble au gré des changements de costumes. Une multitude d’êtres semblent avoir envahi le plateau. Jusqu’au point où les vers de Pessoa et consorts s’abîment dans ce qui prend des allures de transe-poétique moderne aux lumières électriques et à la musique survoltée. Les repères sautent en mesure et donne l’impression que les mots s’échappent de l’univers du poète. (…) Au final, plutôt qu’une révérence littérale aux mots de Pessoa, Et me voici soudain roi d’un pays quelconque, invite à partager cette faculté que possédait le poète lisboète de donner à entendre la ou les voix qui habitent l’intimité de l’être. » – Vincent Bourdet
Hottello
« Amusée et facétieuse, la comédienne livre sur la scène et en paillettes l’esprit du poète, une figure scénique qui pourrait apparaître comme l’antithèse de la posture poétique de Pessoa, alors qu’elle en diffuse même, en jouant, les intentions, les projets et les rêves (…) Le metteur en scène s’est engagé, aux côtés de l’actrice joueuse et complice, à tenter de s’approcher, avec humour et inventivité, de cet état d’hétéronymie annonciateur de la révolution poétique de Pessoa qui concerne l’art même du théâtre et de ses masques (…) La scénographie immaculée de Delphine Brouard – un espace blanc, rehaussé de quatre modules blancs avec miroir, que la comédienne déplace à loisir – représente la chambre claire et le laboratoire de toutes les inventions – formes poétiques et reflets imaginaires -, stimulées par les créations sonores de Cédric Colin et les lumières de Julien Crépin. » – Véronique Hotte
Toute la culture.com
« Et me voici soudain roi d’un pays quelconque pousse la pensée critique jusque dans des retranchements génialement décalés. Devons-nous remettre en question cette personne qui s’adresse à nous en se présentant comme Alvaro de Campos ou Bernardo Soares ? Finalement nous n’avons jamais rencontré ces individus, nous n’avons donc aucune idée de leur apparence. Difficile alors d’affirmer totalement que ce n’est pas tel ou tel poète mais simplement une comédienne affublée d’un chapeau et d’une moustache. (…) Et me voici soudain roi d’un pays quelconque propose un regard théâtral et parfois burlesque sur l’œuvre si riche et complexe de Fernando Pessoa. Une dimension particulièrement adéquate pour appréhender le travail du poète portugais. La pièce nous transporte avec élégance et sobriété dans un univers où tout et rien sont à la fois possibles. »- Quentin Didier
LES DATES
15 mars 2022 – Théâtre de Haguenau
18 et 19 mars 2022 – Théâtre du Chatelard – Ferney-Voltaire
12 avril 2022 – Théâtre de Suresnes Jean Vilar
Du 7 au 29 juillet 2022 à 20h40
Au 11 Gilgamesh, salle 2 – dans le cadre du Festival d’Avignon Le OFF
Relâche les 12, 19 et 26 juillet
Texte
- D’après Fernando Pessoa
Durée / Âge
- Durée : 1h10
- Âge : à partir de 14 ans
Mise en scène
- Guillaume Clayssen
Adaptation
- Aurélia Arto et Guillaume Clayssen
Collaborateur artistique
- Claire Marx
Distribution
- Aurélia Arto
Création sonore
- Cédric Colin
Scénographie
- Delphine Brouard
Création lumière
- Julien Crépin
Costumes
- Séverine Thiebault
Crédits photos
- Emmanuel Viverge
Production
- Coproduction : Théâtre de Suresnes Jean Vilar, Comédie de Ferney-Voltaire, Relais Culturel de Haguenau
- Remerciements : Théâtre des Quartiers d’Ivry – Centre dramatique national du Val-de-Marne, Lilas en scène.
- La Compagnie des Attentifs est artiste associé au Relais culturel de Haguenau avec le soutien de la DRAC Grand Est – Aide à la résidence (2019-2021) et de la Région Grand Est – Aide à la recherche (2019-2021), aide pour Avignon de la Région Grand Est
- Site web : lesattentifs.com