Un couple au milieu de la nuit dans sa cuisine. Le temps comme suspendu.
Ils sont au bord. Au bord de la rupture, au bord de l’épuisement, du renoncement et de la violence. Mais ils s’accrochent, comme des morts de faim, au désir de s’expliquer jusqu’au bout. D’enfin se rencontrer complètement ou de se séparer définitivement. C’est dans ces confins qui nous sont tous familiers, de près ou de loin, qu’Ivan Viripaev place sa fable. En ne ménageant aucune des petites bassesses et des grandes blessures de la vie de couple, il passe au crible l’état limite de la dispute, à la recherche de la pépite enfouie, celle de l’amour.
Cette dispute nocturne drôle, cruelle, pathétique et violente se révèle un combat pour l’amour, un combat pour franchir l’indépassable horizon de l’individu. La « ligne solaire », c’est cette frontière-là, entre l’autre et soi-même, qui reste infranchissable, réduisant l’union à une colocation tissée de compromis.
Comment faire pour s’atteindre vraiment, complètement ? Nous sommes des êtres, définis par la séparation d’avec l’autre, et cette dualité même nous condamne à l’échec. Le couple que nous présente Viripaev ne cesse de rater : impossible de se quitter et impossible de vivre ensemble, impossible d’aller se coucher et impossible de continuer cette conversation. Mais, malgré tout, malgré les blessures, la fatigue, le dégoût, ils essaient encore et encore. Ils sont suspendus, le temps d’une nuit, dans leur chute commune.